Avez-vous des poissons rouges dans votre étang ?

Si oui, lisez bien ceci.

Surpopulation de poissons rouges

Serait-il possible que ce petit poisson rouge (Carassius auratus), qui a pourtant l’air si inoffensif, puisse être un mauvais choix pour votre étang? Malheureusement, de plus en plus d’étangs, notamment dans notre région des Cantons-de-l’Est, sont peuplés par des populations de poissons rouges. Peut-être même désirez-vous en mettre dans votre propre plan d’eau… Réfléchissez-y, au risque de faire une bêtise.

Il est formellement illégal d’introduire des poissons rouges dans les plans d’eau au Québec, c’est-à-dire dans tout bassin qui peut avoir un déversement dans la nature. Espèce jugée indésirable dans les étangs et rivières, C. auratus est légalement vendue pour les aquariums et les jardins d’eau seulement, et chaque propriétaire devrait être assez responsable pour ne pas les introduire ailleurs que dans ces deux types de milieux. Malheureusement, ils sont souvent introduits dans des étangs artificiels équipés de systèmes de déversoirs par lesquels les alevins sont capables de s’échapper et peupler le reste du bassin versant dans lequel se situe l’étang en question.

Il est alors trop tard; une fois libéré dans un milieu sauvage, le poisson rouge trouve peu de limite à son expansion. Tout en préférant les eaux froides, il s’adapte très bien à des eaux allant de 0 à 41° C. Deux ans suffisent en moyenne pour qu’il double sa population et atteigne le poids maximal de 3 kg. Il vit plusieurs années, et son type de nutrition pose problème à toutes les autres espèces indigènes puisqu’il est capable de manger de tout, en commençant par les plantes, les petits crustacés, les insectes jusqu’aux œufs et restes des autres poissons.

Il n’a littéralement aucun prédateur. Dans la nature, tout ce qui est brillant et coloré crie « Je ne suis pas bon à manger! Tu risques l’empoisonnement! ». Le papillon Monarque, la coccinelle ou encore une des nombreuses grenouilles vénéneuse d’Amazonie en sont tous de bons exemples. L’ossature du poisson rouge le rend très difficile à manger, ce qui explique pourquoi les prédateurs habituels tels que les hérons, martin-pêcheur et ratons laveurs n’en sont pas friands.

Surpopulation de poissons rougesDans un système clos tel qu’un étang, le poisson rouge va se reproduire jusqu’à ce que sa population atteigne la capacité maximale de support du milieu. Se nourrissant principalement de benthos, il remue le fond de l’étang pour y trouver sa nourriture. Ces sédiments deviennent alors en suspension dans l’eau et la rendent trouble et boueuse, ce qui est peu esthétique. Les déchets azotés des nombreux poissons produisent par ailleurs un important déséquilibre chimique du système aquatique.

En tant que personnes respectueuses de notre environnement, nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que les poissons rouges (ou toute autre espèce non indigène) ne soit introduits dans nos rivières et étangs. Si par malheur ils y sont introduits, il faut essayer de limiter leur croissance et empêcher qu’ils ne sortent du système clos de votre étang, ce qui n’est pas une mince affaire.

La roténone est la seule substance naturelle qui puisse éliminer tous les poissons de votre étang sans avoir à le vider. Le Ministère de l’Environnement possède une liste des biologistes accrédités pour effectuer ce travail selon les normes. D’autres méthodes drastiques sont également envisageables, comme vider l’étang avec une pompe et le laisser sécher. Et encore là les résultats ne sont pas garantis, étant donné que les poissons rouges sont capables de survivre dans la boue du fond de l’étang pendant plusieurs jours, en attendant que l’eau revienne et qu’ils puissent à nouveau coloniser tous les habitats disponibles.

 

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