La renouée du Japon: l’indésirable
Attention à la renouée du Japon près des cours d’eau !
Quelle est donc cette plante, qui au détour du chemin vient masquer la rivière de ses larges feuilles pointues. La renouée du japon (Fallopia japonica ou Fallopia sachalinensis) n’est pas à sa place au bord de nos cours d’eau. Originaire de l’Himalaya, elle fut introduite il y a quelques dizaines d’années comme plante ornementale. Elle n’a ensuite pas tardé à se substituer à la végétation locale et à mériter son nom de plante envahissante ou nuisible.
Pour ceux qui ne la reconnaissent pas, il suffit de chercher un arbuste aux feuilles larges et pointues en leur extrémité, soutenues par des tiges rougeâtres et creuses d’un diamètre de 1 à 2 centimètres, semblables à des pousses de bambous. Ce véritable fléau n’a pas encore tout à fait sensibilisé l’opinion publique.
Elle représente pourtant une réelle menace pour la stabilité des écosystèmes que sont nos rivières. Sa capacité à s’établir sur des sols pauvres et ombragés lui a permis de coloniser les berges des cours d’eau érodées par les crues, ou encore les bords des routes et les remblais non entretenus. Cela pourrait sembler une bonne chose, mais une fois établie cette plante empêche toutes les autres de pousser et appauvrit ainsi la diversité biologique de l’habitat.
Un autre problème réside dans l’accès au cours d’eau, rendu infranchissable par un mur vert, ainsi que dans l’érosion des sols à la mauvaise saison, étant donné que cette plante passe l’hiver en dormance. Elle comporte d’ailleurs un système racinaire très limité en comparaison avec son système aérien de grande taille.
Que peut-on faire? Il est malheureusement impensable à l’heure actuelle d’espérer éliminer la plante partout où elle s’est imposée. Sa croissance très rapide, les toxines qu’elle sécrète au niveau de ses racines pour empêcher le développement des autres végétaux ou encore sa capacité de se reproduire à partir d’un simple fragment de tige ou de racine, en font une plante redoutable d’efficacité.
Les traitements directs, qui consistent à couper régulièrement les jeunes pousses dès qu’elles atteignent 50 cm de haut, puis les repousses dès qu’elles atteignent la même taille, soit 3 à 4 fois par an, ne sont pas faciles à mettre en place. D’autant plus que les repousses peuvent apparaître encore 10 ans après la première coupe. L’utilisation d’herbicides ou d’autres procédés chimiques est délicate aux abords des cours d’eau, et entraîne une dégradation du milieu ainsi qu’une disparition de l’ensemble des plantes présentes, y compris celles qui sont bénéfiques.
Il est toutefois possible de limiter son expansion aux sites déjà atteints en surveillant les nouvelles taches ou zones de renouées et en les taillants régulièrement. Il est par ailleurs primordial de ne pas planter de renouée à proximité de cours d’eau, car elle ne tarderait pas à remplacer la végétation existante.
Que ce soit suite à des traitements ou pour éviter une nouvelle implantation de renouée, la meilleure solution consiste à replanter sur les sols nus des arbres (saules, frênes, aulnes) et des graminées entre ceux-ci afin de concurrencer au maximum l’implantation de la renouée.
Un peu alarmiste, me direz-vous? Regardez autour de vous, elle est présente partout, que ce soit dans le parc à Sutton, tout au long de la Missisquoi ou au bord des routes, elle étend son influence au détriment de la flore locale. Il est temps d’agir et de veiller à ce que cette plante exotique ne vienne pas détruire les habitats de nos Cantons-de-l’Est.
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